11 مارس 2015

L'attente puise une mémoire de pluie

L'attente puise une mémoire de pluie


Belle narration lyrique ouvrant sur l'étoffe de la rêverie symbolique des contrastes entre l'eau vitale et son absence. L'impensable du temps et des variations entre l'attente et l'anéantissement dans le rêve. Faite de simplicité et rythmée selon le tempo imprévisible de la pensée et les association de l'imaginaire aventurier, cette narration poétique met en scène l'apprivoisement de l'attente et du recueillement en désir de pluie et de printemps. Hachée en image comme un montage cinématographique aux mouvements rythmés. Une scansion à peine esquissée comme une "prière à la pluie" (Istissqa'a), une succession d'images en noir et blanc où pointent des fulgurances d'arc-en-ciel, des mots qui se suivent en douce pluie et atteignent l'apaisement pensif.
Zouzi Chebbi Mohamed Hassen

Auteure : Wahiba Gouia
traduction française : Zouzi Chebbi Mohamed Hassen

Que sont jolies ces graines gouttes de pluie qui tambourinent aux fenêtres de son âme pour les ouvrir en grand sur des champs fleuris de toute beauté!

Quelle superbe beauté lorsqu'elle déploie ses ailes pour planer sous l'aile de la pluie et s'élancer dans les nuages en fredonnant les litanies de la vie. Pour un tel voyage, un compagnon est indispensable. Elle incita ce compagnon imaginaire à officier avec elle les rites de la pluie, ouvrit en grand les portes de l'attente. Elle resta ainsi à attendre en direction du balcon. La pluie lui ramènera son compagnon imaginaire tenant dans sa main une rose et un poème, comme à chaque fois...

 L'arôme du café se répandit, elle chuchota à la tasse qu'elle tenait toujours à se rappeler qu'elle était toujours dans sa chambre. Chambre du bonheur qu'elle avait construite pour y déposer ses souffrances et ses rêveries, s'y isoler en compagnie de son ange visiteur. "Il apparaîtra sur ta parois petite tasse à café, il n'a jamais aimé la pluie si ce n'est à cause de moi, je sais cela. La mémoire de la pluie chez-lui déborde de tristesses et de froid. Réchauffe-le". Elle s'en fut sous la pluie, poursuivant sa course, à pleuvoir parmi les nuages des mélodies qu'elle rythmait de ses pas..."A la gorge des nuages coulent des rivières de chansons, mon ange... Nous les écouterons ensemble... Où t'es-tu caché? Je ne sens pas ta présence sous la pluie drue... M'entends-tu?". Pour la première fois, elle ne sut pas le localiser... C'est son ange, son double, qui sait quand il lui faut apparaître, comme elle sait qu'il peut surgir à tout moment. Il s'était infiltré dans les moindres coins de son âme... Paupières closes, pour mieux graver le rêve. Son ange lui couvrit la tête de ses bras déployés, pour la mettre à l'abri de la neige qui couvrait déjà les trottoirs. "L'odeur du café n'est pas arrivée jusqu'à toi, mon ange? Viens dessiner avec moi une nouvelle mémoire de la pluie."
 Il ne l'entendit point apparemment. La neige se transforma en fièvre qui lui brûlait tout le corps. Elle se résigna à abdiquer son corps à la fièvre et écouta attentivement son pouls. Il criait le nom de l'ange, son double. Je t'attends mon ange, viens avant que la neige n'atteigne notre tasse de café, viens, je t'attendrais viens avant que mon âme ne se dissolve, viens!"
Les miroirs du rêve s’éclaircirent… Quelques nuages filants, pressés, annonçant une saison de sécheresse déplorable, d’espace ingrat désertifié, privé de couleurs… Dans un coin éloigné du rêve, la silhouette d’un mirage de palmier. C’est là qu’elle déposa son rêve en attente. Soudain, il se répandit dans les espaces vides des champs aux épis inféconds… Elle s’empressa à dessiner beaucoup d’arbres à cet endroit, à dessiner des fleurs, puis un soleil… Seules manquaient les couleurs.

« Où sont passés nos nuages pluvieux ? Où es-tu passé mon compagnon ami? Où sont mes couleurs que je puisse colorier l’espace de l’attente? Et où as-tu caché le grain de nos champs fertiles ? »

Elle demeura en attente, les yeux asséchés de toute humidité. Les nuages avaient séché aussi… Elle fut enveloppée de neige fiévreuse. Le balcon surplombait toujours le vide… Il lui faut résister, ne pas perdre la volupté de l’attente, elle va mobiliser toutes les eaux de son sang et toutes les couleurs que recèle sa mémoire pour embellir l’espace de l’attente avant qu’il ne la terrasse.

Elle n’a jamais pensé que l’attente pouvait un jour la vaincre. C’est pour cela qu’elle n’avait jamais désespéré… Elle ouvrit de nouveau le ruisseau et sollicita quelque nuage à l’horizon. Mais un froid s’était installé au balcon et aucun nuage n’apparut… Elle trembla de tous ses membres, puis se mit à trouer sa mémoire de quelques instants furtifs déjà vécus avec son ange, espérant que le nuage s’ouvre soudain et qu’il en jaillisse sur le balcon.

« Non! Je ne veux ni rose ni poème. Viens seulement partager ce café avant que la neige du conte ne s’amoncelle dans la tasse. » Le battement des pas sur le trottoir est ralenti, dénoncé par la blancheur de la neige… «Allons…encore un pas seulement, avant d’atteindre le terme du rêve. »…
Dans les alentours vides de l’espace qui l’entourait, elle entrouvrit les yeux sur quelques gouttes d’eau qui s’évertuaient à tendre un arc-en-ciel. Mais les couleurs étaient bloquées. Elle ouvrit, pour les mouiller, les paumes de ses mains. L’eau était chaude sur ses mains. Les gouttes d’eau tentaient de fuir la chaleur de ses mains. Elle les retenait avant de les projeter en fumée dans l’air…

Elle ouvrit les yeux comme si elle venait de traverser des années de sécheresse et d’aridité. Elle a vu les nuées de sauterelles fuir et quitter les champs du rêve. Que retentissent les chants des nuages sous forme de pluie fraîche fusionnée à la pluie tiède de son âme. De nouveaux ruisseaux sinueux s’ouvrent en elle et la conduisent vers un autre rêve…

L’odeur du café disparut et les effluves mélangés des nuages se répandirent de nouveau… Elle sourit. Elle apercevait son ange entre les gouttes de pluie. Elle le voyait à chaque fois que les nuages essoraient leurs larmes qui pleuvaient dans les siennes goute à goutte…
Il portait un manteau transparent. Elle lui demanda :«Tu crains encore la pluie ? » Il sourit, cligna des yeux et dit : «Ne dérange pas ma pluie en toi ». Il progressa loin dans son âme en lumières et en parfums et elle ne le vit plus. Elle le trouva et le sentit comme une rosée qui embrassait la fleur de la veine. Elle lui chuchota: « J’aime la pluie »… Il s’approcha de ses yeux et y versa ce qui lui restait dans les manches de son manteau. Puis partit loin… Quelques gouttes de ses larmes s’enfuient ruisselantes laissant la trace de leurs course en rose de fleurs d’amandiers dans ses vergers et annoncent la bonne nouvelle d’un nouveau printemps à attendre.


Auteure : Wahiba Gouia

 traduction française : Zouzi Chebbi Mohamed Hassen


هناك تعليق واحد:

  1. جميل.. أحببت النصّ في جبّتيه البهيّتين.. روح الشّاعر لا تخفى على من يغوص في أعماق الكلمات وما تخبّئ من ضياء..

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